Portrait de

Roland Dubois

Portrait de Roland Dubois

Roland Dubois, fils de Marcel-Henri Dubois et de Germaine Dubois-Liengme, est né le 16 août 1919, à la rue de la Chapelle 4, au Locle, dans le Canton de Neuchâtel, Suisse.

Il suivit ses écoles au Locle et obtint son baccalauréat au Gymnase de La Chaux-de-Fonds.

Il fit son service militaire dans l’armée suisse. Une photographie le montre en soldat devant la vitrine d’un commerce à Lausanne, le 6 octobre 1940.

Il commença une carrière de journaliste à la Feuille d’Avis des Montagnes Neuchâteloises, dont il était le rédacteur très apprécié de ses collègues, et à qui l’on promettait un brillant avenir dans les Lettres et la presse.

« Talent, bonne volonté, inaltérable gentillesse »

à propos de Roland Dubois, journaliste
Charles Rochat-Cenise, rédacteur en chef de la Feuille d’Avis des Montagnes.

Sa foi était sincère et engagée. Il a été président et membre de la rédaction de la Jeune Église du Locle.

Sa courte vie l’empêcha de déployer ses merveilleux talents de poète et d’auteur littéraire. Sa principale publication est un livre écrit à quatre mains avec son père Marcel-Henri Dubois. Il s’intitule La Fontaine des Abeilles, paru aux Éditions Glauser Oderbolz du Locle, en juillet 1943. C’est un magnifique florilège de textes et poèmes dédiés au pays jurassien, célébrant la vie aux quatre saisons, avec un doux parfum de joie et de mélancolie.

Roland Dubois et son père Marcel-H. Dubois était très proches, intellectuellement et spirituellement. Ils partageaient un même goût pour la nature, la poésie ; une même recherche de la vie chrétienne. Lors d’un voyage à Paris, en 1931, Marcel Dubois rêvait de voir son fils, alors à l’aube de l’adolescence, entrer à La Sorbonne.

Le destin en décida autrement.

Roland Dubois décède à l’âge de 24 ans, foudroyé par une maladie pulmonaire, le 6 mai 1944 à l’Hôpital du Locle, alors que l’Europe et le monde étaient à feu et à sang. La ville entière est en deuil ; la cérémonie eut lieu au Temple du Locle, le 9 mai 1944, avec une foule nombreuse et éplorée, et de nombreux témoignages dont celui-ci, prémonitoire : « Son œuvre n’est pas achevée ; elle se poursuivra ».

« Au revoir, Roland, votre vie fut utile et c’est là, le plus bel éloge que l’on puisse faire d’une vie humaine. »

Rochat-Cenise, rédacteur en chef de la Feuille d’Avis des Montagnes

« Roland était ce ‘‘Daniel’’, charmant, rêveur, un brin fantaisiste. »

Marcel-Henri Dubois, dans son Journal

Ce printemps 1944 n’est pas celui des poètes, c’est celui de la guerre et de la désolation. La mort de Roland, c’est le nœud du drame de notre récit Les Sorbiers Rouges, et Roland Dubois en est le héros tragique.

Marcel Schiess

Publications de Roland Dubois :

La Fontaine des Abeilles
Marcel-H. Dubois et Roland Dubois
Préface d’Arthur Nicolet
Dessins de George Junod
Le Locle, Éditions Oderbolz – Le Locle, juillet 1943
180 pages – épuisé.

Roland Dubois
Dessins de George Junod
Le Locle, Éditions Oderbolz – Le Locle, avril 1942
230 x 175 mm, broché, numéroté, livre rare
1 ex. dans la collection du Musée des Beaux-Arts Le Locle (MBAL)

 

Le Locle, le 16 mai 1946.

Madame Vve. Marcel Dubois

Le Prévoux

Madame,

    La longue maladie dont souffrait M. Dubois, les nouvelles que nous en avions ces dernières semaines ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de le revoir au Collège.
Nous aimions cependant penser que le mal lui laisserait encore quelques moments d’accalmie.
Notre vœu n’a pas été exaucé et son décès laisse l’école, comme sa famille, plongée dans une profonde tristesse.

    Au moment où il s’en va, la Commission scolaire et la Commission de l’école de commerce tiennent à vous dire combien elles ont apprécié M. Dubois. Il fut un excellent maître. Il connaissait parfaitement la langue allemande et savait l’enseigner. Cette tâche, si ardue parfois, il l’a toujours remplie avec dévouement, conscience et savoir-faire.  De plus, il a su gagner l’affection de ses élèves dont beaucoup sont devenus dans la suite de bons amis pour lui. Brisé par la souffrance physique et le deuil, il a fait vaillamment son devoir jusqu’au bout, laissant ainsi un bel exemple à tout son entourage, à notre jeunesse en particulier.

    Dans les heures difficiles que vous passez, les autorités scolaires vous expriment, ainsi qu’à toute votre famille, leur très vive sympathie et souhaitent que le bon souvenir que laisse votre cher défunt à toute notre population, la reconnaissance des autorités, des élèves, de leurs parents, vous soient de quelque réconfort dans votre deuil.

    C’est dans ces sentiments que nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations respectueuses.

Au nom de la Commission Scolaire :

Le Secrétaire
M.H Primault
Signature lisible

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Au nom de la Commission
De l’École de Commerce :

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Le Patois

Marcel-Henri Dubois parlait, lisait et écrivait le patois du Jura neuchâtelois.
Il note dans son cahier « A bâtons rompus No 3, en 1931 :

« Ce patois du Locle et de la Sagne que ma génération ignore complètement »

Pour Marcel-H. Dubois, le foyer c’est l’hoteau, la maison de la famille Dubois au Prévoux, qui doit son nom à un terme de patois :

3o Aussi, par conséquent, c’est pourquoi: Il était très avare, «djierè, a sn’aterma è n’i avai quasi gnyon, on ne l’ammâve pas», aussi, à son enterrement, il n’y avait quasi personne, on ne l’aimait pas (N Ch. de F.). Le lieutenant de police voulait que tout fût rangé et «le z ètsirle foûran dzère apohyî…» contre l’hotau, les échelles furent donc appuyées contre la maison (N Bér. Pat. neuch. 117).

Pour en savoir plus sur le patois neuchâtelois :

Université de Neuchâtel, dialectologie :

Le « patois » neuchâtelois est un dialecte de la langue francoprovençale, l’une des trois langues traditionnelles de l’espace gallo-roman, avec l’occitan dans le Sud, et le français (langue d’oïl, avec ses dialectes) au Nord. Neuchâtel se trouve à la limite nord-est du francoprovençal, qui comprend toute la Suisse romande (sauf le Jura), une partie du Jura français, le Lyonnais, le Forez, la Savoie et la Vallée d’Aoste (carte).

Comme tous les dialectes, le parler francoprovençal de Neuchâtel se distinguait légèrement d’un village, d’une vallée à l’autre, sans que cela pose de difficultés pour la compréhension mutuelle (carte).

Les derniers locuteurs du francoprovençal neuchâtelois ont malheureusement disparu dans les années 1920. Peu avant, conscient de sa disparition imminente, un groupe d’intellectuels et patoisants neuchâtelois a essayé de « sauver les meubles », en publiant un volume souvenir, contenant tous les textes en patois neuchâtelois qu’ils avaient pu rassembler. Ce volume a été publié à Neuchâtel en 1895; il se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques du canton.

Ci-dessous, nous reproduisons le début d’un récit en patois de Boudry, rédigé par L. Favre, président du Comité du patois de la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, avec sa traduction en français régional.
Voir le texte ment. : http://www5.unine.ch/dialectologie/NE_Presentation.html

Marcel Dubois, portrait de son père Abram-Henri Dubois, horloger loclois

Abram-Henri Dubois, né le 6 juillet 1858, l’état-civil indique le 26 juin, épouse Louise-Marie Simon-Vermot, née le 3 juin 1858, fille de Lucien, de Montlebon (Doubs, France), n’eurent point d’enfants, mais m’adoptèrent à la mort de mon père William, et furent mes parents, dont je vénère et bénis la mémoire tous les jours. Le numéro 73 de la Rue des Envers fut leur domicile de 1894 au 20 juillet 1930. Ma mère adoptive fut enterrée le jour de Noël 1918 (morte à 60 ans).

Celui que nous avons toujours appelé « Grand-Papa » par reconnaissance y fut veuf de 1918 à 1930, mais trouve à notre foyer et au contact de nos deux enfants des affections chaudes, un intérêt toujours en éveil. Dans mes « A bâtons rompus », j’ai essayé de faire revivre cette grande figure. Cher et bon Abram-Henri !

« Cet homme auquel je voue un véritable culte, une reconnaissance renouvelée à mesure que mes enfants grandissants attendent de moi davantage – l’enfant ne vivra pas de pain seulement…le cœur veut sa nourriture, l’esprit aussi.

Votre grand-papa ne m’a laissé manquer de rien, j’ai pris à son contact de grandes, de belles leçons d’énergie, de complaisance, de charité pratiquée sans parler, de dévouement, d’abnégation pour tous ceux qui avaient/auraient besoin d’aide.

Il aurait pu m’asseoir à l’établi, me faire quitter définitivement l’école. Il ne l’a pas fait.
Je suis bien certain que jamais pensée de lucre ne l’a effleuré à la croisée de « mes chemins ».

Un grand cœur
Un caractère

Un homme aux réactions vives, promptes, trop rudes souvent (un ressort qui se détend soudain et vous saute à la figure). »

Note de Marcel Dubois : « 105 kilos à 70 ans ! »

Faire-part de la mort d’Abram-Henri Dubois : « Non pour être servi, mais pour servir »