Les Sorbiers Rouges

Les Grand Thèmes

Sarrebruck, Plébiscite du 13 janvier 1935. Landesarchiv Saarland, Sarrebruck.

La question de la modernité

Un monde ancien disparaît, avec lui les hommes…

Le parcours de vie de Marcel-H. Dubois commence en 1889, année très particulière semblant anticiper les grands bouleversements du siècle à venir. Si le philosophe Ludwig Wittgenstein naît cette année-là, Adolf Hitler aussi ! Marcel Dubois ne le rencontrera pas, mais verra son portrait dans les vitrines et les rues de Sarrebruck, lors du Plébiscite de la Sarre, le 13 janvier 1935. Marcel Dubois rendra compte de cet événement dans un livre  À Sarrebruck tous les deux, souvenirs d’un ambassadeur neutre dans la Sarre paru en décembre 1935. Il ne pouvait savoir, à ce moment-là, que le résultat du vote en faveur du Chancelier Hitler, à plus de 90% des voix*, serait la première victoire internationale du Führer et qu’elle précipiterait la marche en avant de l’Allemagne nazie dans une course à l’armement, menant l’Europe et le monde au désastre. C’est l’incursion de l’Histoire du monde dans le récit des Sorbiers Rouges.

En 1889, l’Exposition universelle de Paris et la Tour Eiffel, son symbole, annoncent le temps du progrès et de la machine, de la conquête de tous les espaces par les sciences et techniques.

Le nouveau siècle commence avec les révolutions et le changement de paradigme qui voit disparaître les empires au profit des États-nations. L’anarchisme et le socialisme s’expriment haut et fort, par les discours et par les armes, les drapeaux noirs et rouges sont brandis, accompagnés des chants partisans.

1900 a ouvert la porte à « l’interprétation des rêves » et à la psychanalyse de Sigmund Freud, une révolution en soi, qui accompagne l’émancipation des femmes.

Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse (1856-1939). Photographie : Max Halberstadt.
Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse (1856-1939). Photographie : Max Halberstadt.

Dans les arts, la modernité apparaît furieusement au début du XXème siècle, avec le mouvement futuriste en Italie et voit la naissance du dadaïsme, en 1916 à Zurich, sous l’impulsion de Hugo Ball, Emmy Hennings et Tristan Tzara.

Le surréalisme fait son apparition en 1917, à Paris, en même temps que la Révolution bolchévique en Russie. André Breton publiera le Manifeste du Surréalisme en 1924 et ralliera de très nombreux artistes à ce mouvement, dont Max Ernst et Salvador Dali, ou encore Alberto Giacometti, qui s’en affranchira assez tôt.

Les années 20 à Berlin et à Paris sont « folles », les scènes de cabaret libèrent les corps et les esprits, La Revue Nègre et Joséphine Baker emportent même les plus prudes dans une transe débridée et sauvage ! A Weimar, les étudiants du Bauhaus explorent toutes les possibilités des formes et des couleurs dans l’architecture et les arts appliqués, avec leurs professeurs Vassily Kandinsky et Paul Klee, notamment.

Les Manifestes de la Modernité

par Filippo Tommaso Marinetti dans Le Figaro, en français.
Exaltation de la Modernité, de la Vitesse !
Performances : serata (en italien) soirées.

C’est en ces termes, à peu de choses près, que raisonnaient les artistes russes qui fondèrent le constructivisme vers 1915. Un peu comme les artistes du futurisme italien quelques années auparavant, ils voient dans les bouleversements politiques qui agitent leur pays l’avènement d’un monde nouveau. Pas de doute, selon eux, ce monde sera celui d’un art d’avant-garde.

À la même époque, le mouvement bolchevique émerge. Porté par des hommes comme Lénine et Trotski, le communisme est en train de noyauter le milieu intellectuel, ouvrier et militaire russe. Ils souhaitent changer la société et mettre fin à la bourgeoisie et à l’aristocratie. Or l’art classique incarne cet ancien monde. Il représente un loisir de classe réservé aux élites. En tant que plaisir bourgeois par excellence, il faut donc le renverser !

par Hugo Ball. Dada naît à Zurich au Cabaret Voltaire, avec Hugo Ball, Emma Hemmings et Tristan Tzara.

L’Esprit nouveau est une revue consacrée à l’esthétisme contemporain dans toutes ses manifestations, architecture, peinture, littérature, fondée par Le Corbusier et Amédée Ozenfant en 1920. La revue est dirigée par Paul Dermée. Elle paraît jusqu’à la démission d’Ozenfant en 1925.

Les artistes du constructivisme russe y travaillent alors activement. On le voit par exemple dans le Manifeste Réaliste écrit en 1922 par Naum Gabo, l’un des fondateurs du mouvement :

« Nous proclamons aujourd’hui artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs, poètes notre parole et notre action… à vous les gens pour qui l’Art n’est pas un simple terrain de conversation, mais au contraire source d’exaltation réelle.

Nous vivons l’éclosion d’une nouvelle la culture et d’une nouvelle civilisation […] qui unit les peuples en une seule union. La guerre et la révolution, nous ont mis en face de nouvelles formes de vie, déjà nées et actives. »

Ce nouveau courant artistique a un tel succès auprès des bolcheviks qu’il devient, pendant quelques années, l’art officiel de la révolution russe. Les artistes sont nommés enseignants dans les principales écoles d’art, et de nombreux lieux publics se retrouvent ornés de leurs œuvres.

→ Naum Gabo, présentation Wikipédia

Le mouvement surréaliste rassemblera de très nombreux artistes et intellectuels et générera des œuvres remarquables dans le domaine de la littérature, des arts visuels et du cinéma. Il est considéré comme un courant révolutionnaire, qui se développe pendant plus de quarante ans.

Les poètes Paul Eluard, René Char, Robert Desnos, Raymond Queneau, Louis Aragon, André Breton, Antonin Artaud, Jacques Prévert, ont tous appartenu, à des époques et à des degrés d’engagement divers, au mouvement surréaliste.

Ses principaux représentants en art visuel sont :

  • Giorgio de Chirico (1888-1978)
  • Max Ernst (1891-1976)
  • Joan Mirò (1893 -1983)
  • René Magritte (1898-1967)
  • Victor Brauner (1903-1966)
  • Salvador Dali (1904-1989)
  • Man Ray (1890 -1976)

Un chien Andalou (1928) et L’Age d’or (1930), dont les scénarios ont été écrits par Salvador Dalí, sont les films les plus représentatifs du surréalisme cinématographique. Buñuel y dénonce les tabous tant sexuels que religieux et prône la libéralisation du désir et du rêve. L’Age d’or fut interdit à sa sortie jusqu’en 1980.

Sources : Classes bnf et Musée du Luxembourg à Paris.

 

Coco Chanel fait tomber les corsets et libère le corps de la femme, capable à présent de se mouvoir librement, travailler, danser, faire du cheval et tout ce qui lui plaît ! Les cheveux sont courts, à la garçonne, et les jupes s’arrêtent juste au genou ! Liberté, Liberté ! On va danser follement jusqu’en 1929, année du krach boursier de Wall Street. Les années 30 débutent avec la crise économique, partout dans le monde.

La crise et le chômage des ouvriers toucheront les villes industrielles. Au Locle, Marcel-H. Dubois, dans un geste de solidarité, publiera en 1931 un recueil intitulé De Madame Delphine à Jules César, trois nouvelles gaies. Cette publication fut tirée à 2’000 exemplaires et vendue au profit des chômeurs ayant épuisé leur secours. Ce fut un succès.

Les années 1930 voient descendre dans les rues les chemises noires et les chemises brunes, et s’élever de nouveaux Commandeurs. Les lois et la morale sont bafouées, l’ordre s’exerce par la brutalité et la ségrégation ; les masses fanatiques écrasent l’individu, asservi ou emprisonné, piétiné.

Le fascisme en Italie et le national-socialisme en Allemagne, emportent les mouvements de masse dans une marche en avant aveugle. Les peuples sont instrumentalisés pour justifier l’expansionnisme et la guerre.

1933, Berlin ; 1935, Sarrebruck et Nuremberg ; 1938, Munich ; 1939, Dantzig ; 1940, Paris…

L’ascension d’Adolf Hitler, soutenu par les élites financières et industrielles allemandes, est vertigineuse et inexorable dans sa grande entreprise de CREATION et de DESTRUCTION. L’artiste refusé à l’École des Beaux-Arts de Vienne à deux reprises, et qui se rêvait architecte d’une grande cité sur le modèle antique, la Capitale mondiale Germania, finira ses jours, assiégé, dans un bunker à Berlin en avril 1945, nourrissant encore le délire de sacrifier son peuple tout entier pour son grand dessein. L’Allemagne se réveillera en ruines et soumise à une fondamentale remise en question.

Un drame en huis-clos, la guerre hors-champ

Citoyen helvétique, Marcel-H. Dubois, n’a pas participé aux deux Guerres Mondiales. En 1914, il est exempté de tout service militaire par la Commission sanitaire de l’armée suisse, et, en 1940, réformé, il est assigné aux Gardes locales dans le Service Civil. Dans son Journal, Marcel Dubois évoquera le passage des bombardiers, la nuit, et les bombardements au Nord de la Suisse, à Bâle et à Schaffhouse. Il saluera la Libération en août 1944, lorsque les soldats allemands quitteront la frontière au Col-des-Roches. Il décrira à cette occasion, et avec une certaine ironie, la réaction des « bons Suisses ! »

«Schaffhouse a été sérieusement bombardée par
les américains : morts, blessés,
gare…usines détruites. Consternation»

Marcel-Henri Dubois, Journal, 1944

La fabrique de laine peignée et le musée en flammes vus de l’autre rive du Rhin. Photo du 1er avril 1944. © Stadtarchiv Schaffhausen
La fabrique de laine peignée et le musée en flammes vus de l’autre rive du Rhin. Photo du 1er avril 1944. © Stadtarchiv Schaffhausen

L’art comme remède à la destruction
Le 1er avril 1944, un bombardement des forces alliées américaines dévasta Schaffhouse par erreur, détruisant plus de 80 peintures du musée de la ville. Très vite, des œuvres affluèrent de toute la Suisse afin de compenser la disparition de ce patrimoine artistique. Ces dons culturels témoignent aujourd’hui encore de la grande solidarité du pays avec la ville blessée.

Andreas Rüfenacht, Dr. des. en histoire de l’art, est conservateur du Museum zu Allerheiligen de Schaffhouse depuis avril 2018.

En ce printemps 1944, alors que les troupes alliées se préparent au Débarquement en Normandie et que l’Italie a déjà capitulé, le drame se noue à l’intérieur d’une petite maison-ferme au Prévoux, dans la famille Dubois. Tous sont malades, alités. Le fils et frère tant aimé, Roland Dubois, a dû quitter son travail à la Rédaction du Journal La Feuille d’Avis des Montagnes au Locle ; il rentre à la maison le lundi 13 mars 1944. Malade des poumons, fiévreux et affaibli, il gardera le lit durant sept semaines, veillé et choyé par sa famille et les nombreux amis et amies qui lui apportent leur réconfort et de bonnes choses à manger. Cela ne suffira pas. Malgré ces bons soins, son état de santé se détériorera rapidement. Le 5 mai, il est conduit en ambulance à l’Hôpital du Locle, il décédera le lendemain, le samedi 6 mai 1944. Il n’a que 24 ans et avait la vie devant lui. Le deuil est immense dans la communauté et la ville du Locle. Le chagrin inconsolable. C’est le Requiem des Sorbiers Rouges.

« Son œuvre n’est pas achevée ; elle se poursuivra. »

Ces mots prononcés lors des funérailles de Roland Dubois au Temple du Locle, le mardi 9 mai 1944, résonnent aujourd’hui, car sa « voix » revit parmi nous, grâce à ses textes et poèmes enregistrés, sublimés par les images et la musique de Bach et Schubert. C’est la Résurrection des Sorbiers Rouges.

Le Corbusier et Blaise Cendrars, des contemporains

Marcel-H. Dubois (1889-1946) est né deux ans après Le Corbusier et Blaise Cendrars (1887), natifs de la ville voisine de La Chaux-de-Fonds, ayant connu un essor économique considérable à la fin du XIXème siècle, grâce à l’industrie horlogère et l’apport de nombreuses communautés étrangères, parmi lesquelles une importante communauté juive.

L’École d’Art de La Chaux-de-Fonds, créée en 1872, a permis à Charles-Édouard Jeanneret-Gris – fils d’horloger – de développer sa créativité et de s’imprégner des idées nouvelles dans tous les domaines de l’art. Son professeur et maître, Charles L’Eplattenier, lui donnera la confiance nécessaire à son épanouissement et le jeune Jeanneret se formera au cours de ses nombreux voyages, dont il rendra compte dans ses carnets de notes et de croquis. Le Parthénon d’Athènes sera l’une des grandes révélations de son voyage en Orient. C’est à Paris qu’il deviendra Le Corbusier. Il sera précurseur en célébrant le purisme et le machinisme, avec Amédée Ozenfant et son ami Fernand Léger. À Paris toujours, il ouvrira son bureau d’architecture, formant de nombreux jeunes architectes venus du monde entier pour apprendre auprès de celui qui était devenu maître à son tour. Son grand œuvre sera la conception et la réalisation de la ville nouvelle de Chandigarh, capitale du Pendjab en Inde. La Cité radieuse à Marseille restera comme le manifeste de son programme architectural. Né suisse à La Chaux-de-Fonds, dans les montagnes jurassiennes, il mourra français à Roquebrune-Cap-Martin dans la Méditerranée, en 1965, à l’âge de 78 ans, après une vie entière consacrée au travail.

«Tout art qui cesse d’être de son époque, meurt.»

Le Corbusier

Blaise Cendrars, son contemporain d’origine alémanique – né Frédéric Sauser – avait la bougeotte, comme on dit ; il quittera La Chaux-de-Fonds très jeune, pour se rendre en Russie, où il assistera aux soulèvements révolutionnaires en 1905. Le bruit, la fureur, le sang, et la vitesse, entreront dans son imaginaire. Volontaire dans la Légion étrangère, Il connaîtra les horreurs de la Première Guerre Mondiale et il y laissera un bras en 1915. Renaissant de ses cendres, il écrira de sa main gauche, la main amie, une œuvre considérable. En témoin de son siècle, il invente une langue riche et foisonnante, sans concession. Bourlingueur, il a parcouru le monde et sa poésie bat au rythme de la modernité, avec des balises telles que Les Pâques à New-York ou La Prose du Transsibérien… Scénariste à Hollywood, poète moderniste protégé d’un « Roi du Café » au Brésil – sa deuxième patrie spirituelle – il s’invente sans cesse et rien ne lui fait peur ; le monde est un grand terrain de jeu et d’exploration. Et comme Le Corbusier, il participera à la vie intellectuelle parisienne, auprès de ses amis, parmi lesquels Sonia et Georges Delaunay, Amedeo Modigliani et Guillaume Apollinaire. Blaise Cendrars s’éteindra à Paris, le 21 janvier 1961, à l’âge de 73 ans.

«Le rôle du cinéma dans l’avenir sera de nous re-découvrir, de nous montrer à nous-mêmes.»

Blaise Cendrars

La modernité hors-champ

Marcel-H. Dubois, lui, était plutôt arbre que navire. Il n’a pas pris le large comme Jeanneret et Sauser, ses voisins de La Chaux-de-Fonds. Il est resté attaché à sa région natale, le Haut-Jura neuchâtelois, au Locle, pour son travail de professeur d’allemand, et surtout au Prévoux, à l’Hoteau, son havre de paix. Une villégiature à la campagne, entourée de pâturages boisés ; ce pays traditionnel des paysans horlogers, dont la vie était rythmée par les quatre saisons, avec des hivers qui ne semblaient jamais finir. Une vie familiale et des tâches domestiques assumées ; une vie sociale bien remplie avec de bons amis et du temps pour l’introspection. Parmi ses lectures, des classiques, des ouvrages d’auteurs romands, et aussi Charles Baudelaire et Paul Verlaine. La poésie, toujours à l’esprit et à portée de la main.

«Dans la nuit glacée, les 12 coups de minuit sonneront sans que
 nous les entendions et nous nous éveillerons en 1924,
frais et dispos, courageux, confiants.
Aide-toi, le Ciel t’aidera.»

Marcel-Henri Dubois, Agenda 1923

Marcel-H. Dubois voyage très peu mais se rend parfois à La Chaux-de-Fonds, la grande ville voisine, uniquement pour des tâches précises. Il ne parle pas ou très peu de personnalités ou d’événements à La Chaux-de-Fonds dans son Journal. La vie locloise semble lui suffire…
Du point de vue de son rapport au monde, il semble se tenir à distance des révolutions esthétiques du XXe siècle, telles que le cubisme, le surréalisme, le Cabaret berlinois, le jazz, ou encore le Bauhaus, dans le domaine des arts appliqués.

La Modernité n’est pas entrée à l’Hoteau. Les hommes du foyer, Marcel et Roland, étaient plutôt du « Monde d’hier », un monde d’artisans et de paysans, de poètes libres et proches de la nature, obéissant à l’ordre d’une Autorité Suprême, sacrée, dont l’Église est garante…

Comme les personnages de Tchekhov ou de Tennessee Williams, ils sont vaincus par le progrès et la mutation du monde – leur sensibilité ne correspondant pas à l’époque- et la maladie précoce les fera passer dans l’autre monde. Ils sont entrés dans le jardin de la mémoire, dont les fleurs éclosent à nouveau dans Les Sorbiers Rouges !

Marcel Schiess

Pour aller plus loin, une sélection bibliographique :

Vers une architecture, Le Corbusier, Flammarion, Champs arts, 2008
Vers une architecture, Le Corbusier, Jean-Louis Cohen, Flammarion, Coll. L’esprit nouveau, 2006
Le Corbusier, tout l’œuvre construit, Jean-Louis Cohen, Flammarion, 2018
Chandigarh et Le Corbusier, Création d’une ville en Inde 1950-1965, Rémi Papillault, auteur, Yannis Tsiomis, préfacier, Éditions Poïsis, grand format, 322 pages, 2011

Illustration : Couverture de la Revue L’ESPRIT NOUVEAU, No 7, 1921, doc. archives bnf Gallica

→ Informations complète sur le site de la Fondation Le Corbusier

Bourlinguer, Gallimard, Folio, 2012
L’homme foudroyé, Gallimard, Folio, 1973
L’Or, Gallimard, Poche, 2006
Poésies complètes, Claude Leroy, préfacier, Denoël, 2022
Du monde entier au cœur du monde, Poésies complètes, Gallimard Poche, 2006

→ A consulter, concernant les Archives de Blaise Cendrars, Bibliothèque nationale suisse BN

Les Fleurs du Mal, Gallimard, Folio classique, 2020
Le Spleen de Paris, Gallimard, Folio classique, 2010
Le peintre de la vie moderne, Poche folio Gallimard, nouvelle édition janvier 2024

Lettres à Guillaume Apollinaire, Éditions Klincksieck, 1999
Cent versets d’initiation au lyrisme nouveau dans tous les arts, Hachette BNF, 2018
Manifeste des sept arts, Séguier Éditions, 2018, indisponible chez PAYOT, consulter les archives.

Né le 2 janvier 1877 à Gioia del Colle et mort le 10 novembre 1923 à Paris, est un écrivain franco-italien, romancier, poète, philosophe, critique d’art, critique littéraire, critique de cinéma, musicologue, scénariste. À la déclaration de la guerre (de 1914), Canudo signe avec Blaise Cendrars un « appel aux étrangers vivant en France » les invitant à s’engager. Il s’engage lui-même dans la légion étrangère.
Il a inventé en 1919 le terme de « 7e art » pour désigner le cinéma.

 

De Calligari à Hitler, une histoire psychologique du cinéma allemand, Éditions Kliencksieck, 2019
Kracauer. Une biographie, Jörg Spater, Ithaque, 562 pages

Né le 8 février 1889 à Francfort-sur-le-Main et mort le 26 novembre 1966 à New York, est un journaliste, sociologue et critique de films allemand.
Siegfried Kracauer naît dans une famille juive. Architecte de formation (ayant étudié la discipline de 1907 à 1913), Siegfried Kracauer fait ses débuts en tant que journaliste en 1922, activité qui le rendra célèbre par ses chroniques basées sur un sens de l’observation peu commun. Il est un ami de Walter Benjamin, Theodor W. Adorno et Ernst Bloch et une figure marquante de la gauche intellectuelle sous l’Allemagne de Weimar. Il est lié au cercle d’intellectuels réunis autour de l’Institut für Sozialforschung, soit le noyau institutionnel de ce qu’on appellera plus tard l’École de Francfort.

Son intérêt pour les phénomènes de société, comme les faits divers et les histoires de détectives, le conduit à bâtir une méthode analytique pour découvrir l’aspect caché du cinéma et de la photographie.

Source : Wikipédia

La révolution du langage poétique : l’avant-garde à la fin du XIXe siècle : Lautréamont et Mallarmé, Seuil, 1985

Sous le signe de Saturne, Christian Bourgois éditeur, 2013

Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen LGF Le Livre de Poche, 1996.

La Cerisaie, Jean-Claude Carrière, traducteur, Georges Banu, annotateur, Flammarion Poche, 2017.

Théâtre, Théâtre, roman, mémoires, Tennessee Williams, Pierre Laville (trad.) Robert Laffont, Bouquins, 2011
Tennessee Williams, Christophe Pellet, Coll. le théâtre de, Éditions Ides et Calendes, 2015

Tous les ouvrages cités sont en principe disponibles chez PAYOT Libraire, partenaire du projet Les Sorbiers Rouges.

Le Locle, le 16 mai 1946.

Madame Vve. Marcel Dubois

Le Prévoux

Madame,

    La longue maladie dont souffrait M. Dubois, les nouvelles que nous en avions ces dernières semaines ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de le revoir au Collège.
Nous aimions cependant penser que le mal lui laisserait encore quelques moments d’accalmie.
Notre vœu n’a pas été exaucé et son décès laisse l’école, comme sa famille, plongée dans une profonde tristesse.

    Au moment où il s’en va, la Commission scolaire et la Commission de l’école de commerce tiennent à vous dire combien elles ont apprécié M. Dubois. Il fut un excellent maître. Il connaissait parfaitement la langue allemande et savait l’enseigner. Cette tâche, si ardue parfois, il l’a toujours remplie avec dévouement, conscience et savoir-faire.  De plus, il a su gagner l’affection de ses élèves dont beaucoup sont devenus dans la suite de bons amis pour lui. Brisé par la souffrance physique et le deuil, il a fait vaillamment son devoir jusqu’au bout, laissant ainsi un bel exemple à tout son entourage, à notre jeunesse en particulier.

    Dans les heures difficiles que vous passez, les autorités scolaires vous expriment, ainsi qu’à toute votre famille, leur très vive sympathie et souhaitent que le bon souvenir que laisse votre cher défunt à toute notre population, la reconnaissance des autorités, des élèves, de leurs parents, vous soient de quelque réconfort dans votre deuil.

    C’est dans ces sentiments que nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations respectueuses.

Au nom de la Commission Scolaire :

Le Secrétaire
M.H Primault
Signature lisible

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Au nom de la Commission
De l’École de Commerce :

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Le Patois

Marcel-Henri Dubois parlait, lisait et écrivait le patois du Jura neuchâtelois.
Il note dans son cahier « A bâtons rompus No 3, en 1931 :

« Ce patois du Locle et de la Sagne que ma génération ignore complètement »

Pour Marcel-H. Dubois, le foyer c’est l’hoteau, la maison de la famille Dubois au Prévoux, qui doit son nom à un terme de patois :

3o Aussi, par conséquent, c’est pourquoi: Il était très avare, «djierè, a sn’aterma è n’i avai quasi gnyon, on ne l’ammâve pas», aussi, à son enterrement, il n’y avait quasi personne, on ne l’aimait pas (N Ch. de F.). Le lieutenant de police voulait que tout fût rangé et «le z ètsirle foûran dzère apohyî…» contre l’hotau, les échelles furent donc appuyées contre la maison (N Bér. Pat. neuch. 117).

Pour en savoir plus sur le patois neuchâtelois :

Université de Neuchâtel, dialectologie :

Le « patois » neuchâtelois est un dialecte de la langue francoprovençale, l’une des trois langues traditionnelles de l’espace gallo-roman, avec l’occitan dans le Sud, et le français (langue d’oïl, avec ses dialectes) au Nord. Neuchâtel se trouve à la limite nord-est du francoprovençal, qui comprend toute la Suisse romande (sauf le Jura), une partie du Jura français, le Lyonnais, le Forez, la Savoie et la Vallée d’Aoste (carte).

Comme tous les dialectes, le parler francoprovençal de Neuchâtel se distinguait légèrement d’un village, d’une vallée à l’autre, sans que cela pose de difficultés pour la compréhension mutuelle (carte).

Les derniers locuteurs du francoprovençal neuchâtelois ont malheureusement disparu dans les années 1920. Peu avant, conscient de sa disparition imminente, un groupe d’intellectuels et patoisants neuchâtelois a essayé de « sauver les meubles », en publiant un volume souvenir, contenant tous les textes en patois neuchâtelois qu’ils avaient pu rassembler. Ce volume a été publié à Neuchâtel en 1895; il se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques du canton.

Ci-dessous, nous reproduisons le début d’un récit en patois de Boudry, rédigé par L. Favre, président du Comité du patois de la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, avec sa traduction en français régional.
Voir le texte ment. : http://www5.unine.ch/dialectologie/NE_Presentation.html

Marcel Dubois, portrait de son père Abram-Henri Dubois, horloger loclois

Abram-Henri Dubois, né le 6 juillet 1858, l’état-civil indique le 26 juin, épouse Louise-Marie Simon-Vermot, née le 3 juin 1858, fille de Lucien, de Montlebon (Doubs, France), n’eurent point d’enfants, mais m’adoptèrent à la mort de mon père William, et furent mes parents, dont je vénère et bénis la mémoire tous les jours. Le numéro 73 de la Rue des Envers fut leur domicile de 1894 au 20 juillet 1930. Ma mère adoptive fut enterrée le jour de Noël 1918 (morte à 60 ans).

Celui que nous avons toujours appelé « Grand-Papa » par reconnaissance y fut veuf de 1918 à 1930, mais trouve à notre foyer et au contact de nos deux enfants des affections chaudes, un intérêt toujours en éveil. Dans mes « A bâtons rompus », j’ai essayé de faire revivre cette grande figure. Cher et bon Abram-Henri !

« Cet homme auquel je voue un véritable culte, une reconnaissance renouvelée à mesure que mes enfants grandissants attendent de moi davantage – l’enfant ne vivra pas de pain seulement…le cœur veut sa nourriture, l’esprit aussi.

Votre grand-papa ne m’a laissé manquer de rien, j’ai pris à son contact de grandes, de belles leçons d’énergie, de complaisance, de charité pratiquée sans parler, de dévouement, d’abnégation pour tous ceux qui avaient/auraient besoin d’aide.

Il aurait pu m’asseoir à l’établi, me faire quitter définitivement l’école. Il ne l’a pas fait.
Je suis bien certain que jamais pensée de lucre ne l’a effleuré à la croisée de « mes chemins ».

Un grand cœur
Un caractère

Un homme aux réactions vives, promptes, trop rudes souvent (un ressort qui se détend soudain et vous saute à la figure). »

Note de Marcel Dubois : « 105 kilos à 70 ans ! »

Faire-part de la mort d’Abram-Henri Dubois : « Non pour être servi, mais pour servir »