Les Dubois
La lignée des Dubois du Locle remonte à 1656, avec Abram Dubois, né le 23 novembre 1656, Sieur Justicier et Ancien.
Son arrière-grand-père, Abram-Louis senior No 231, XIème génération, né en 1765.
(Le Roi de France était Louis XV, qui régna de 1715 à sa mort en 1774.)
« Je ne sais donc rien, mais rien de rien de mon arrière-grand-père paternel. Notre grand-papa lui-même n’était guère mieux renseigné. »
Marcel-H. Dubois
Mes ancêtres ? Des marchands drapiers, des meuniers, francs-habergeants, devenus pour certains Bourgeois de Valangin, jusqu’à la Révolution républicaine neuchâteloise de 1848. Certains étaient avoyers (avoués), chargé d’appliquer la justice au nom d’un Seigneur.
Les Francs-Habergeants : une classe sociale entre les serfs et les bourgeois. Les francs-habergeants étaient en quelque sorte les candidats à la bourgeoisie. Le premier des Du Boz, Vuillemin, est élevé le 8 août 1537 de la condition de Franc-habergeant à celui de Bourgeois. Cela le dispensait des taxes et corvées. Le Prince dispense les Bourgeois de l’aiguel*, de la poulaille, du fournage, du septier de vin, et de ramener la dîme.
8 août 1537 Bl. Junod, Le Locle recom. 198.
*ainsi orthographié manuscrit.
LE PATRIARCHE : Abram-Louis Dubois (1808), horloger aux Calame, mariage en 1845 avec Augustine Dubois (née en 1825). La mariée avait 20 ans et son époux 17 ans de plus. Ils auront 11 enfants, le dernier, Jean, né le 3 septembre 1867, lorsque Abram-Louis a 59 ans et son épouse Augustine 42 ans. Elle aura fait des enfants pendant 22 ans de suite. Elle mourra du cancer à l’âge de 51 ans, épuisée par les grossesses et le travail.
Parmi leurs onze enfants, il y a eu William Dubois, le père de Marcel-H. Dubois, qui mourra accidentellement en 1892, à l’âge de 28 ans, et Abram-Henri, le père adoptif de Marcel-H. Dubois; horloger, lui aussi, dont l’épouse est Louise-Marie Simon-Vermot, franc-comtoise, de Montlebon dans le Haut-Doubs. Ils n’avaient pas d’enfants et adoptèrent le petit Marcel Dubois, à l’âge de 2 ans et demi. Ils seront ses parents aimés et respectés.
Abram-Henri Dubois, horloger, père de Marcel-H. Dubois
et son épouse Louise-Marie Simon-Vermot.
Marcel-H. Dubois aura deux enfants : Roland-Marcel, né en 1919 et mort en 1944, et Jacqueline-Alice, née en 1923 et décédée en 2008.
Concernant la transmission du patronyme aux générations futures, la lignée des Dubois se termine avec la mort prématurée de Roland. Jacqueline Dubois, ma mère, est le lien du sang des Dubois. Elle épousera un Suisse-allemand qui donnera son nom et son origine à ses deux fils.
C’est surtout le récit de la famille Dubois qui s’est arrêté avec la mort de Marcel-Henri. C’est lui qui consignait la vie de la famille dans ses journaux, ses carnets et sa correspondance. Le 6 avril 1946, il quitte le Prévoux pour l’Hôpital des Cadolles à Neuchâtel, son Journal s’achève à cette page. Marcel Dubois aura la force d’écrire quelques feuillets sur ses derniers jours puis il s’éteindra le 15 mai 1946, enfin libéré de ses souffrances.
La montre de poche de Marcel Dubois s’est arrêtée en 1946. Il me l’a transmise et j’en ai pris soin. Elle est restée intacte et précise car c’est du bel ouvrage d’artisan horloger. Il suffisait d’être patient pour que le récit puisse reprendre vie, autrement : par la recréation de cet univers poétique, où la fantaisie et la musique colorent le tableau. Libérés du réel, tous ces personnages réapparaissent dans Les Sorbiers Rouges pour célébrer l’émerveillement devant la vie !
Marcel Schiess
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Le Locle, le 16 mai 1946.
Madame Vve. Marcel Dubois
Le Prévoux
Madame,
La longue maladie dont souffrait M. Dubois, les nouvelles que nous en avions ces dernières semaines ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de le revoir au Collège.
Nous aimions cependant penser que le mal lui laisserait encore quelques moments d’accalmie.
Notre vœu n’a pas été exaucé et son décès laisse l’école, comme sa famille, plongée dans une profonde tristesse.
Au moment où il s’en va, la Commission scolaire et la Commission de l’école de commerce tiennent à vous dire combien elles ont apprécié M. Dubois. Il fut un excellent maître. Il connaissait parfaitement la langue allemande et savait l’enseigner. Cette tâche, si ardue parfois, il l’a toujours remplie avec dévouement, conscience et savoir-faire. De plus, il a su gagner l’affection de ses élèves dont beaucoup sont devenus dans la suite de bons amis pour lui. Brisé par la souffrance physique et le deuil, il a fait vaillamment son devoir jusqu’au bout, laissant ainsi un bel exemple à tout son entourage, à notre jeunesse en particulier.
Dans les heures difficiles que vous passez, les autorités scolaires vous expriment, ainsi qu’à toute votre famille, leur très vive sympathie et souhaitent que le bon souvenir que laisse votre cher défunt à toute notre population, la reconnaissance des autorités, des élèves, de leurs parents, vous soient de quelque réconfort dans votre deuil.
C’est dans ces sentiments que nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations respectueuses.
Au nom de la Commission Scolaire :
Le Secrétaire
M.H Primault
Signature lisible
Le Président
Signature autographe, pas lisible
Au nom de la Commission
De l’École de Commerce :
Le Président
Signature autographe, pas lisible
Marcel-Henri Dubois parlait, lisait et écrivait le patois du Jura neuchâtelois.
Il note dans son cahier « A bâtons rompus No 3, en 1931 :
« Ce patois du Locle et de la Sagne que ma génération ignore complètement »
Pour Marcel-H. Dubois, le foyer c’est l’hoteau, la maison de la famille Dubois au Prévoux, qui doit son nom à un terme de patois :
3o Aussi, par conséquent, c’est pourquoi: Il était très avare, «djierè, a sn’aterma è n’i avai quasi gnyon, on ne l’ammâve pas», aussi, à son enterrement, il n’y avait quasi personne, on ne l’aimait pas (N Ch. de F.). Le lieutenant de police voulait que tout fût rangé et «le z ètsirle foûran dzère apohyî…» contre l’hotau, les échelles furent donc appuyées contre la maison (N Bér. Pat. neuch. 117).
Université de Neuchâtel, dialectologie :
Le « patois » neuchâtelois est un dialecte de la langue francoprovençale, l’une des trois langues traditionnelles de l’espace gallo-roman, avec l’occitan dans le Sud, et le français (langue d’oïl, avec ses dialectes) au Nord. Neuchâtel se trouve à la limite nord-est du francoprovençal, qui comprend toute la Suisse romande (sauf le Jura), une partie du Jura français, le Lyonnais, le Forez, la Savoie et la Vallée d’Aoste (carte).
Comme tous les dialectes, le parler francoprovençal de Neuchâtel se distinguait légèrement d’un village, d’une vallée à l’autre, sans que cela pose de difficultés pour la compréhension mutuelle (carte).
Les derniers locuteurs du francoprovençal neuchâtelois ont malheureusement disparu dans les années 1920. Peu avant, conscient de sa disparition imminente, un groupe d’intellectuels et patoisants neuchâtelois a essayé de « sauver les meubles », en publiant un volume souvenir, contenant tous les textes en patois neuchâtelois qu’ils avaient pu rassembler. Ce volume a été publié à Neuchâtel en 1895; il se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques du canton.
Ci-dessous, nous reproduisons le début d’un récit en patois de Boudry, rédigé par L. Favre, président du Comité du patois de la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, avec sa traduction en français régional.
Voir le texte ment. : http://www5.unine.ch/dialectologie/NE_Presentation.html
Abram-Henri Dubois, né le 6 juillet 1858, l’état-civil indique le 26 juin, épouse Louise-Marie Simon-Vermot, née le 3 juin 1858, fille de Lucien, de Montlebon (Doubs, France), n’eurent point d’enfants, mais m’adoptèrent à la mort de mon père William, et furent mes parents, dont je vénère et bénis la mémoire tous les jours. Le numéro 73 de la Rue des Envers fut leur domicile de 1894 au 20 juillet 1930. Ma mère adoptive fut enterrée le jour de Noël 1918 (morte à 60 ans).
Celui que nous avons toujours appelé « Grand-Papa » par reconnaissance y fut veuf de 1918 à 1930, mais trouve à notre foyer et au contact de nos deux enfants des affections chaudes, un intérêt toujours en éveil. Dans mes « A bâtons rompus », j’ai essayé de faire revivre cette grande figure. Cher et bon Abram-Henri !
« Cet homme auquel je voue un véritable culte, une reconnaissance renouvelée à mesure que mes enfants grandissants attendent de moi davantage – l’enfant ne vivra pas de pain seulement…le cœur veut sa nourriture, l’esprit aussi.
Votre grand-papa ne m’a laissé manquer de rien, j’ai pris à son contact de grandes, de belles leçons d’énergie, de complaisance, de charité pratiquée sans parler, de dévouement, d’abnégation pour tous ceux qui avaient/auraient besoin d’aide.
Il aurait pu m’asseoir à l’établi, me faire quitter définitivement l’école. Il ne l’a pas fait.
Je suis bien certain que jamais pensée de lucre ne l’a effleuré à la croisée de « mes chemins ».Un grand cœur
Un caractèreUn homme aux réactions vives, promptes, trop rudes souvent (un ressort qui se détend soudain et vous saute à la figure). »
Note de Marcel Dubois : « 105 kilos à 70 ans ! »
Faire-part de la mort d’Abram-Henri Dubois : « Non pour être servi, mais pour servir »