Le sorbier rouge

Le Sorbier Rouge, c’est un poème d’Arthur Nicolet, dédié à Marcel-Henri Dubois.
Il est dans ma mémoire depuis plusieurs années et l’ai toujours associé à mon grand-père ainsi qu’à son pays du Jura neuchâtelois, au Prévoux.

En parcourant les écrits de Marcel-H. Dubois, j’ai retrouvé très souvent le sorbier rouge dans le tableau, comme une touche de vert et de rouge, une évocation poétique de la nature et une certaine douceur dans le paysage de sapins du Haut-Jura.

On retrouve aussi l’alisier ou alizier, au si joli nom, proche de l’alizé, ce vent tropical qui nous fait voyager loin des cimes enneigées…

Pour revenir au sorbier rouge, j’en ai trouvé également dans nos villes, en particulier à La Chaux-de-Fonds. Il est aussi très présent en Valais, à La Forclaz, dans le magnifique Val d’Hérens, devant les chalets, à côté d’un buisson de lavande. Ainsi les oiseaux et les insectes butineurs participent à l’écosystème et à la beauté des lieux.

J’ai appris également par M. Paul Boillat de la Société jurassienne d’émulation, qu’on avait récemment planté des sorbiers rouges autour de l’Église des Bois, dans les Franches-Montagnes, pour remplacer d’autres arbres malades. Le sorbier rouge fut sélectionné parmi plusieurs candidats potentiels.

Le fruit du sorbier n’est pas comestible, mais on peut le distiller, en faire des infusions, des confitures, des gelées ou encore des jus, des sirops. Je connais bien l’électuaire de sorbier. J’en apprécie particulièrement « le goût subtile, à la fois doux et âpre » qui évoque si bien le pays du Jura.

Les Sorbiers Rouges

En devenant pluriel, le sorbier rouge n’est plus seulement un arbre, il devient un ensemble. Portrait et paysage à la fois, une œuvre originale rassemblant en un récit de fiction des personnages et des événements ; créant de multiples ramifications spatiales et temporelles. Comme pour le récit de la vie de Marcel-Henri Dubois, on interroge le particulier pour tendre vers l’universel.

Les Sorbiers Rouges, c’est aussi la pluralité des arts réunis dans notre projet. La littérature, la poésie, la musique, la peinture, la photographie, tous les arts sont présents dans une synthèse savante sublimée par le cinéma, choisi avec Amandine Kolly pour exprimer une nouvelle réalité.

Les Sorbiers Rouges, c’est à la fois un doux parfum de nostalgie des veillées en famille à l’hoteau du Prévoux et aussi l’âpreté des destinées humaines dans le tumulte de l’histoire…

Marcel Schiess

Botanique

Sorbier Rouge, dit sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia L.).
Alisier, dit sorbier des bois (Sorbus torminalis).

Sorbitol

Le sorbitol est présent à l’état naturel dans certains fruits (pruneaux, cerises, baies, etc.) C’est un produit issu de la photosynthèse. Il fut isolé pour la première fois en 1872, à partir des baies du sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia L.). Bien que le sorbitol soit à la base un polyol naturel, l’industrie agroalimentaire le synthétise surtout artificiellement à partir d’un glucide, le glucose, souvent issu de l’amidon.

Cuisine

Gelée de sorbes (sorbier des oiseleurs)

Gastronomie

A l’occasion des deux Balades gourmandes Les Sorbiers Rouges de l’été 2024, vous pourrez découvrir dans le menu du terroir préparé par le chef de cuisine de l’Auberge du Prévoux, M. Frédéric Marchand, un plat préparé à base de baies de sorbiers rouges, une recette inédite !

Pour aller plus loin

Notre sélection chez PAYOT Libraire :

Livre 54 plantes sauvages comestiblesMichaël Berthoud (Auteur),  Editions Attinger, Grand format, 192 pages, 2021, CHF 39.–

Présentation du livre :

Vous découvrirez dans ce livre les descriptions et les photographies de 54 plantes sauvages comestibles de nos régions (Suisse, France, Belgique). Ces planches contiennent des informations botaniques précises permettant d’apprendre à reconnaître facilement les plantes. Elles contiennent également des informations sur la cueillette, l’utilisation de chacune de leurs parties (racines, feuilles, fleurs et fruits) et leurs bienfaits sur la santé. Comme la botanique ne va pas sans la pratique, la deuxième partie du livre vous propose de découvrir diverses techniques de conservation et d’utilisation des plantes sauvages, accompagnées de nombreuses photographies et explications. Les recettes sont faciles à réaliser par tout un chacun et permettront ainsi de se reconnecter à notre patrimoine local, au rythme des saisons. Cette ouvrage pratique se veut un compagnon dans le chemin du retour à la nature et à une alimentation saine. Il a pour but de favoriser l’émerveillement envers le monde végétal et de donner envie de le préserver.

Le Locle, le 16 mai 1946.

Madame Vve. Marcel Dubois

Le Prévoux

Madame,

    La longue maladie dont souffrait M. Dubois, les nouvelles que nous en avions ces dernières semaines ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de le revoir au Collège.
Nous aimions cependant penser que le mal lui laisserait encore quelques moments d’accalmie.
Notre vœu n’a pas été exaucé et son décès laisse l’école, comme sa famille, plongée dans une profonde tristesse.

    Au moment où il s’en va, la Commission scolaire et la Commission de l’école de commerce tiennent à vous dire combien elles ont apprécié M. Dubois. Il fut un excellent maître. Il connaissait parfaitement la langue allemande et savait l’enseigner. Cette tâche, si ardue parfois, il l’a toujours remplie avec dévouement, conscience et savoir-faire.  De plus, il a su gagner l’affection de ses élèves dont beaucoup sont devenus dans la suite de bons amis pour lui. Brisé par la souffrance physique et le deuil, il a fait vaillamment son devoir jusqu’au bout, laissant ainsi un bel exemple à tout son entourage, à notre jeunesse en particulier.

    Dans les heures difficiles que vous passez, les autorités scolaires vous expriment, ainsi qu’à toute votre famille, leur très vive sympathie et souhaitent que le bon souvenir que laisse votre cher défunt à toute notre population, la reconnaissance des autorités, des élèves, de leurs parents, vous soient de quelque réconfort dans votre deuil.

    C’est dans ces sentiments que nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations respectueuses.

Au nom de la Commission Scolaire :

Le Secrétaire
M.H Primault
Signature lisible

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Au nom de la Commission
De l’École de Commerce :

Le Président
Signature autographe, pas lisible

Le Patois

Marcel-Henri Dubois parlait, lisait et écrivait le patois du Jura neuchâtelois.
Il note dans son cahier « A bâtons rompus No 3, en 1931 :

« Ce patois du Locle et de la Sagne que ma génération ignore complètement »

Pour Marcel-H. Dubois, le foyer c’est l’hoteau, la maison de la famille Dubois au Prévoux, qui doit son nom à un terme de patois :

3o Aussi, par conséquent, c’est pourquoi: Il était très avare, «djierè, a sn’aterma è n’i avai quasi gnyon, on ne l’ammâve pas», aussi, à son enterrement, il n’y avait quasi personne, on ne l’aimait pas (N Ch. de F.). Le lieutenant de police voulait que tout fût rangé et «le z ètsirle foûran dzère apohyî…» contre l’hotau, les échelles furent donc appuyées contre la maison (N Bér. Pat. neuch. 117).

Pour en savoir plus sur le patois neuchâtelois :

Université de Neuchâtel, dialectologie :

Le « patois » neuchâtelois est un dialecte de la langue francoprovençale, l’une des trois langues traditionnelles de l’espace gallo-roman, avec l’occitan dans le Sud, et le français (langue d’oïl, avec ses dialectes) au Nord. Neuchâtel se trouve à la limite nord-est du francoprovençal, qui comprend toute la Suisse romande (sauf le Jura), une partie du Jura français, le Lyonnais, le Forez, la Savoie et la Vallée d’Aoste (carte).

Comme tous les dialectes, le parler francoprovençal de Neuchâtel se distinguait légèrement d’un village, d’une vallée à l’autre, sans que cela pose de difficultés pour la compréhension mutuelle (carte).

Les derniers locuteurs du francoprovençal neuchâtelois ont malheureusement disparu dans les années 1920. Peu avant, conscient de sa disparition imminente, un groupe d’intellectuels et patoisants neuchâtelois a essayé de « sauver les meubles », en publiant un volume souvenir, contenant tous les textes en patois neuchâtelois qu’ils avaient pu rassembler. Ce volume a été publié à Neuchâtel en 1895; il se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques du canton.

Ci-dessous, nous reproduisons le début d’un récit en patois de Boudry, rédigé par L. Favre, président du Comité du patois de la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, avec sa traduction en français régional.
Voir le texte ment. : http://www5.unine.ch/dialectologie/NE_Presentation.html

Marcel Dubois, portrait de son père Abram-Henri Dubois, horloger loclois

Abram-Henri Dubois, né le 6 juillet 1858, l’état-civil indique le 26 juin, épouse Louise-Marie Simon-Vermot, née le 3 juin 1858, fille de Lucien, de Montlebon (Doubs, France), n’eurent point d’enfants, mais m’adoptèrent à la mort de mon père William, et furent mes parents, dont je vénère et bénis la mémoire tous les jours. Le numéro 73 de la Rue des Envers fut leur domicile de 1894 au 20 juillet 1930. Ma mère adoptive fut enterrée le jour de Noël 1918 (morte à 60 ans).

Celui que nous avons toujours appelé « Grand-Papa » par reconnaissance y fut veuf de 1918 à 1930, mais trouve à notre foyer et au contact de nos deux enfants des affections chaudes, un intérêt toujours en éveil. Dans mes « A bâtons rompus », j’ai essayé de faire revivre cette grande figure. Cher et bon Abram-Henri !

« Cet homme auquel je voue un véritable culte, une reconnaissance renouvelée à mesure que mes enfants grandissants attendent de moi davantage – l’enfant ne vivra pas de pain seulement…le cœur veut sa nourriture, l’esprit aussi.

Votre grand-papa ne m’a laissé manquer de rien, j’ai pris à son contact de grandes, de belles leçons d’énergie, de complaisance, de charité pratiquée sans parler, de dévouement, d’abnégation pour tous ceux qui avaient/auraient besoin d’aide.

Il aurait pu m’asseoir à l’établi, me faire quitter définitivement l’école. Il ne l’a pas fait.
Je suis bien certain que jamais pensée de lucre ne l’a effleuré à la croisée de « mes chemins ».

Un grand cœur
Un caractère

Un homme aux réactions vives, promptes, trop rudes souvent (un ressort qui se détend soudain et vous saute à la figure). »

Note de Marcel Dubois : « 105 kilos à 70 ans ! »

Faire-part de la mort d’Abram-Henri Dubois : « Non pour être servi, mais pour servir »