Edito
La Balade transfrontalière dans la Sarre, début août, a généré de très nombreuses photographies, tant ce voyage a été exceptionnel et fascinant pour tous les participants.
J’ai demandé à David Jucker s’il serait d’accord de me transmettre une série de photographies de son reportage et de rédiger un texte pour accompagner le choix que je ferai de ses images.
J’en ai reçu 198 ! Soit toutes les images dans son smartphone, dans l’ordre chronologique, comme des photos de vacances, en quelque sorte.
Pour honorer le don de David Jucker, historien et archiviste, j’ai entrepris de traiter avec la plus grande rigueur l’ensemble de ses photographies. Je les ai toutes regardées, attentivement, enchaînant les tours de sélection, pour arriver à 37 images. J’avais prévu 10%, mais la qualité des images prises à la Völklinger Hütte, le site sidérurgique, m’a convaincu d’en garder suffisamment pour traiter le sujet de manière complète.
J’avais une idée au départ. Un postulat imposé par la profusion d’images – signe de notre époque – celui de ne garder qu’une UNE SEULE IMAGE sur 200. Une image qui « ferait son temps » et que je soumettrais à la question.
Choisir une image et « s’y tenir », fermement, implacablement ; ne se laisser distraire par rien d’autre, surtout pas une autre image, surtout pas la prochaine image.
À priori, dans l’image sélectionnée, on ne comprend pas immédiatement de quoi il s’agit. C’est justement cela qui m’a intéressé. Le fait que cette image ne soit pas « immédiate ». Il faut prendre le temps de la regarder, de la décrypter, d’y entrer et de comprendre les éléments qui la composent. Convier également le « hors-champ », qui permet de contextualiser l’image.
Partant de cette analyse, le travail étant fait, je peux laisser place à l’imaginaire, au jeu savant et jubilatoire auquel s’adonnait l’écrivain et iconographe Nicolas Bouvier, dans ses « Histoires d’une image ». L’exercice littéraire génère d’autres images, il me donne la liberté d’un acte de pure création !
Marcel Schiess
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© Les Sorbiers Rouges, Marcel Schiess, 2024
Le Locle, le 16 mai 1946.
Madame Vve. Marcel Dubois
Le Prévoux
Madame,
La longue maladie dont souffrait M. Dubois, les nouvelles que nous en avions ces dernières semaines ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir de le revoir au Collège.
Nous aimions cependant penser que le mal lui laisserait encore quelques moments d’accalmie.
Notre vœu n’a pas été exaucé et son décès laisse l’école, comme sa famille, plongée dans une profonde tristesse.
Au moment où il s’en va, la Commission scolaire et la Commission de l’école de commerce tiennent à vous dire combien elles ont apprécié M. Dubois. Il fut un excellent maître. Il connaissait parfaitement la langue allemande et savait l’enseigner. Cette tâche, si ardue parfois, il l’a toujours remplie avec dévouement, conscience et savoir-faire. De plus, il a su gagner l’affection de ses élèves dont beaucoup sont devenus dans la suite de bons amis pour lui. Brisé par la souffrance physique et le deuil, il a fait vaillamment son devoir jusqu’au bout, laissant ainsi un bel exemple à tout son entourage, à notre jeunesse en particulier.
Dans les heures difficiles que vous passez, les autorités scolaires vous expriment, ainsi qu’à toute votre famille, leur très vive sympathie et souhaitent que le bon souvenir que laisse votre cher défunt à toute notre population, la reconnaissance des autorités, des élèves, de leurs parents, vous soient de quelque réconfort dans votre deuil.
C’est dans ces sentiments que nous vous prions d’agréer, Madame, nos salutations respectueuses.
Au nom de la Commission Scolaire :
Le Secrétaire
M.H Primault
Signature lisible
Le Président
Signature autographe, pas lisible
Au nom de la Commission
De l’École de Commerce :
Le Président
Signature autographe, pas lisible
Marcel-Henri Dubois parlait, lisait et écrivait le patois du Jura neuchâtelois.
Il note dans son cahier « A bâtons rompus No 3, en 1931 :
« Ce patois du Locle et de la Sagne que ma génération ignore complètement »
Pour Marcel-H. Dubois, le foyer c’est l’hoteau, la maison de la famille Dubois au Prévoux, qui doit son nom à un terme de patois :
3o Aussi, par conséquent, c’est pourquoi: Il était très avare, «djierè, a sn’aterma è n’i avai quasi gnyon, on ne l’ammâve pas», aussi, à son enterrement, il n’y avait quasi personne, on ne l’aimait pas (N Ch. de F.). Le lieutenant de police voulait que tout fût rangé et «le z ètsirle foûran dzère apohyî…» contre l’hotau, les échelles furent donc appuyées contre la maison (N Bér. Pat. neuch. 117).
Université de Neuchâtel, dialectologie :
Le « patois » neuchâtelois est un dialecte de la langue francoprovençale, l’une des trois langues traditionnelles de l’espace gallo-roman, avec l’occitan dans le Sud, et le français (langue d’oïl, avec ses dialectes) au Nord. Neuchâtel se trouve à la limite nord-est du francoprovençal, qui comprend toute la Suisse romande (sauf le Jura), une partie du Jura français, le Lyonnais, le Forez, la Savoie et la Vallée d’Aoste (carte).
Comme tous les dialectes, le parler francoprovençal de Neuchâtel se distinguait légèrement d’un village, d’une vallée à l’autre, sans que cela pose de difficultés pour la compréhension mutuelle (carte).
Les derniers locuteurs du francoprovençal neuchâtelois ont malheureusement disparu dans les années 1920. Peu avant, conscient de sa disparition imminente, un groupe d’intellectuels et patoisants neuchâtelois a essayé de « sauver les meubles », en publiant un volume souvenir, contenant tous les textes en patois neuchâtelois qu’ils avaient pu rassembler. Ce volume a été publié à Neuchâtel en 1895; il se trouve dans toutes les bonnes bibliothèques du canton.
Ci-dessous, nous reproduisons le début d’un récit en patois de Boudry, rédigé par L. Favre, président du Comité du patois de la Société cantonale d’histoire et d’archéologie, avec sa traduction en français régional.
Voir le texte ment. : http://www5.unine.ch/dialectologie/NE_Presentation.html
Abram-Henri Dubois, né le 6 juillet 1858, l’état-civil indique le 26 juin, épouse Louise-Marie Simon-Vermot, née le 3 juin 1858, fille de Lucien, de Montlebon (Doubs, France), n’eurent point d’enfants, mais m’adoptèrent à la mort de mon père William, et furent mes parents, dont je vénère et bénis la mémoire tous les jours. Le numéro 73 de la Rue des Envers fut leur domicile de 1894 au 20 juillet 1930. Ma mère adoptive fut enterrée le jour de Noël 1918 (morte à 60 ans).
Celui que nous avons toujours appelé « Grand-Papa » par reconnaissance y fut veuf de 1918 à 1930, mais trouve à notre foyer et au contact de nos deux enfants des affections chaudes, un intérêt toujours en éveil. Dans mes « A bâtons rompus », j’ai essayé de faire revivre cette grande figure. Cher et bon Abram-Henri !
« Cet homme auquel je voue un véritable culte, une reconnaissance renouvelée à mesure que mes enfants grandissants attendent de moi davantage – l’enfant ne vivra pas de pain seulement…le cœur veut sa nourriture, l’esprit aussi.
Votre grand-papa ne m’a laissé manquer de rien, j’ai pris à son contact de grandes, de belles leçons d’énergie, de complaisance, de charité pratiquée sans parler, de dévouement, d’abnégation pour tous ceux qui avaient/auraient besoin d’aide.
Il aurait pu m’asseoir à l’établi, me faire quitter définitivement l’école. Il ne l’a pas fait.
Je suis bien certain que jamais pensée de lucre ne l’a effleuré à la croisée de « mes chemins ».Un grand cœur
Un caractèreUn homme aux réactions vives, promptes, trop rudes souvent (un ressort qui se détend soudain et vous saute à la figure). »
Note de Marcel Dubois : « 105 kilos à 70 ans ! »
Faire-part de la mort d’Abram-Henri Dubois : « Non pour être servi, mais pour servir »